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Plus besoin d’héler désespérément un taxi sous une pluie battante ou de sortir de chez soi pour trouver l’amour, le numérique a réponse à tout et s’est taillé une place de choix dans notre quotidien. Télétravail, avènement des plateformes de streaming, explosion du commerce en ligne, télé médecine et puissance des réseaux sociaux, tout s’est accéléré à vitesse à grand V depuis une dizaine d’années. Un bouleversement culturel et économique qui pousse les entreprises à réinventer leur stratégie et modèle organisationnel. Un écosystème rempli d’opportunités…
Au cours de l’histoire, les différentes révolutions industrielles ont façonné le monde et nous sommes à l’aube d’un tournant sans précèdent. Selon l’Organisme européen des brevets, les grands changements à l’œuvre marquent une étape radicale vers une économie entièrement chapeautée par les données. Une quatrième révolution industrielle qui se veut numérique et articulée autour de plusieurs technologies : les IoT (processus de connexion d’objets), la 5G, l’intelligence artificielle ou encore l’imprimante 3D… En une décennie, les innovations liées à ces grandes avancées ont bondi de 356 % et embrassent aujourd’hui tous les secteurs, de l’agriculture en passant par la construction. Longtemps resté imperméable à la technologie, ce dernier entame sa transition digitale, une réponse dans l’air du temps et qui fait la part belle aux usagers, aux exploitants ainsi qu’aux enjeux environnementaux. Qu’en est-il exactement ?
Aujourd’hui, près de 50% des projets immobiliers ne génèrent pas ou peu de création de valeur : manque de communication entre les différents acteurs, accumulation de petites erreurs et d’actions non cordonnées, le bâtiment n’est parfois pas en mesure de déployer tout son potentiel, mais la donne est en train de changer avec la démocratisation de la technologie numérique baptisée BIM (Building Information Modeling). Ce logiciel de maquette digitale permet de modéliser le fonctionnement du bâtiment avant même sa construction, et ainsi d’anticiper les futurs besoins et usages. Dans une logique collaborative entre chaque partie prenante du projet, la structure n’est plus figée mais bel et bien modulable, servicielle et amenée à évoluer et s’enrichir au fil du temps. Outre une optimisation intelligente des surfaces, cette maquette nourrie à l’IA offre aussi un gain de temps considérable en matière de fabrication des matériaux, à l’image des dalles qui se voit fabriquées en usine et non plus sur le chantier même. Le smart building entre donc en jeu dès la création d’un bâtiment, et se poursuit tout au long de son cycle de vie…
Le smart building au service de l’environnement
Ayant plusieurs visages, les nouvelles technologies encouragent les entreprises à veiller activement aux problématiques écologiques. Née à l’aube des années 2000, cette pratique a ouvert la voie à la récolte de données, et ce, dans un contexte d’éveil et de préoccupations environnementales. Les engagements internationaux et diverses règlementations européennes ont donné naissance à une nouvelle génération d’immeubles plus responsables. Surnommés « green buildings », ces derniers deviennent aujourd’hui aussi « intelligents » en plaçant les utilisateurs et l’environnement au cœur des réflexions. Un phénomène non négligeable, lorsqu’on sait que le secteur du bâtiment est responsable à hauteur de 25 % des émissions de gaz à effets de serre, le tout générant plus de 40 millions de tonnes de déchets par an. Dans une époque qui prône les circuits courts et l’économie circulaire, de nombreuses initiatives ont vu le jour : c’est le cas par exemple du bureau d’étude R-use qui épaule les professionnels du BTP à revaloriser et recycler les matériaux issus de la déconstruction de bâtiment, notamment le bois pour ses propriétés durables et isolantes.
Alliant services numériques et performances énergétiques, le smart building s’inscrit dans une démarche globale de préservation de l’environnement. L’omniprésence des nouvelles technologies permettent l’optimisation des ressources, une attention permanente afin d’éviter le gaspillage inutile. Une fois la structure dotée de capteurs vecteurs de données, la consommation va s’adapter en fonction des besoins réels et non supposés, ce qui abaisse sensiblement les coûts. On pourrait par exemple imaginer un système de régulation de la température en fonction du taux d’occupation, idem pour la climatisation en été lors du turn-over des congés estivaux… Le traitement de la data va également permettre aux équipes gestionnaires un pilotage intuitif à 360 degrés qui renseigne sur l’état des locaux, facilite le dépannage et ouvre la voie à la maintenance prédictive.
Une approche au cœur de l’humain
Gain de productivité, gestion administrative, relation client, sécurité, fin de la pénibilité au travail, les nouvelles technologies s’invitent dans la vie des utilisateurs pour optimiser leur expérience, une approche en symbiose avec les grands bouleversements que connait aujourd’hui le monde de l’entreprise. Face à la crise sanitaire qui a redistribué les cartes en matière de management, de process et d’aménagement des espaces, le numérique est un atout qu’il convient d’apprivoiser. De la domotique en passant par l’optimisation de la data, le smart office est l’avenir de la construction. Ultra connectés, les bâtiments dits intelligents abondent de technologies et deviennent « serviciels ». Leur multiplication ouvre la voie à une collecte considérable de données sur la manière dont chacun utilise son espace, permettant ainsi d’appréhender au mieux les immeubles, de leur conception jusqu’à leur commercialisation et exploitation. Du nombre d’employés présents sur site, aux différents flux et temps alloué dans chaque salle, l’entreprise est ainsi à même d’aménager au mieux ses espaces. Pourquoi dédier une immense salle de réunion si cette dernière n’est occupée que deux à trois heures par jour et par moins de 4 personnes ? Elle peut alors songer à des aménagements plus pertinents, appropriés aux comportements et attentes réelles des utilisateurs. Une logique d’ailleurs inhérente aux coworking qui ont fait des data leur clé de voute en termes de développement et de stratégie immobilière. Au regard du prix au mètre carré, spécialement dans les grands centres urbains, cette approche permettra aux sociétés de gagner en rentabilité. Un fait non négligeable lorsqu’on sait que l’immobilier est le premier poste de dépense après les salaires. Il en résulte donc une meilleure gestion d’attribution des places et des espaces communs, une réflexion indispensable à l’instauration du flex office, très en vogue aujourd’hui. Placer ses collaborateurs, au bon endroit, au bon moment, et selon leurs besoins concourt à augmenter la performance d’environ 15% pour les entreprises, selon une étude menée par la Harvard Business School.
Outre une gestion intelligente des espaces, les forces du smart office sont aussi au service du salarié, avec un seul mot d’ordre, le confort. A l’heure où la qualité de vie au travail est un principe impérieux, la technologie peut jouer sur le sur-mesure, un paramètre auparavant incompatible avec les espaces collectifs. Chaque utilisateur à son échelle, et dans la mesure du possible, pourrait ainsi agir sur certaines données de son poste de travail comme la lumière, la température, la qualité de l’air, le bruit, voire avec un fauteuil analysant la posture, le tout via une application smartphone. En bref, des salles connectées et des espaces de travail modulables où l’on se sent bien. Face aux bouleversements qui ébranlent l’entreprise où se conjugue présentiel et distanciel, les outils informatiques collaboratifs et ergonomiques prennent tout leur sens. C’est le cas par exemple de la visioconférence, combinée à l’intelligence artificielle qui facilite et renforce l’expérience utilisateur : avec ses caméras qui recherchent l’interlocuteur et des microphones qui détectent la parole et chassent les bruits de fonds, la frontière devient alors poreuse entre le bureau et le domicile.