En matière de télétravail, chacun voit midi à sa porte. Il y a évidemment les irréductibles qui adorent travailler avachis sur leur canapé, arborant un jogging du plus bel effet. Ceux qui ont besoin de vie autour d’eux et qui n’hésitent pas à s’installer dans leur café préféré, parfois rêveurs à la vue du ballet des passants par la vitre. Et enfin les coworkers, dans des lieux satellites proposés par l’entreprise. Friands d’émulation collective et de rencontres, ils sont nombreux à aimer produire dans un environnement stimulant et surtout dédié au travail. Face à l’essor sans précédent du home office et la dématérialisation décomplexée du bureau, un certain nombre d’acteurs tentent de se faire une place au soleil, à l’instar de l’hôtellerie qui entame un nouveau virage.
On ne va pas s’en cacher, le télétravail a bien des avantages. Pas de temps perdu dans les transports bondés et le loisir de s’adonner à quelques tâches domestiques entre deux visioconférences. Pour peu qu’on sente bien chez soi, télétravail rime avec plaisir. Seul bémol : vie personnelle professionnelle s’entrechoquent sans sas de décompression, sans véritable coupure à la fois dans l’espace et l’esprit. Désireux de partir à la recherche de nouveaux clients, l’hôtellerie s’intéresse de près à ces télétravailleurs avec une offre sur-mesure et différenciante. Nul besoin de voyager pour être à l’hôtel, de plus en plus d’établissements proposent la location à la journée avec à la clé un panel de services. Qu’il s’agisse de chambres tout équipées ou d’espaces dédiés, vous êtes dans votre bulle pour travailler dans les meilleures conditions. Envie d’un chocolat chaud réconfortant, de piquer un petit somme, d’un tour à la salle de sport ou à la piscine ? Tout est à votre disposition pour faire une pause bien méritée entre deux calls. Cet engouement du « télétravail amélioré » Laetitia Bô, avocate spécialisée dans la proptech, l’a bien compris. Fondatrice de l’application « Thrid place » lancée au sortir de la crise sanitaire, elle entend proposer des journées studieuses placées sous le signe du luxe. Cette jeune pousse incubée à la station F part d’un constat : pendant que la plupart des hôtels sont déserts en journée, certains télétravailleurs, eux, peinent à faire des miracles dans leur petits appartements parisiens. Son application qui référence aujourd’hui une vingtaine d’hôtels prestigieux présente des tarifs abordables, parfois même moins chers qu’un coworking classique. Seul ou entre amis, on allie travail et plaisir ! Dans l’air du temps, cette initiative n’est évidemment pas un cas isolé et les géants du secteur se sont engouffré dans la brèche. La chaine Best Western, qui compte 310 établissements a donné naissance à la ligne myWO qui se décline en trois offres. L’une pour le télétravail occasionnel, une autre aux allures de véritable coworking, et une dernière spécialisée dans l’organisation de séminaires et de réunions. Pionnier en la matière, l’Ibis Style de Boulogne Billancourt avait il y a quelques années transformé sa salle de petit déjeuner en espace pour les travailleurs. Un franc succès… Dans la même veine, Le groupe Barrière a poussé le concept avec un package « escapade télétravail » qui propose un espace de travail assorti de pauses gourmandes dans chacun de ses établissements. Cette offre, proposée dans un premier temps pour palier la baisse de fréquentation trouve encore preneur aujourd’hui. De son côté, le groupe Accor a mis le paquet avec WOJO en déployant près de 400 spots dans plus de 70 villes françaises. Mais le groupe Pierre et Vacances n’est pas en reste : réputé pour son approche familiale, ce dernier a développé un forfait télétravail permettant de jouir de toutes les acticités et travailler si nécessaire. Même son de cloche pour le Club Med avec ses work hub ou Mariott International.
Vous l’aurez compris, allier affaires et loisirs est le nouveau credo, appelé plus communément le « bleisure ». Selon Amadeus, près de 15% des hôteliers internationaux proposeraient un forfait pour les travailleurs nomades, et la tendance n’est pas prête à s’inverser. Mieux, certaines communes en font un véritable argument marketing pour attirer les citadins en quête de calme et de grands espaces. En somme, un moyen malin pour pousser le voyageur à rester plus longtemps et ainsi générer des revenus supplémentaires… Mais ce mélange des genres donne aussi lieu à des déménagements du côté des employés, à la recherche d’un lieu de vie idéal, au plus près de leurs aspirations. Selon une enquête du Forum Vies Mobiles, think tank de la mobilité soutenu par SNCF, 1 francilien sur 5 souhaiterait quitter l’Ile de France, soit près de de 500.000 foyers concernés. On remarque également que 38% des actifs franciliens ayant un projet de déménagement ne l'auraient pas eu sans le télétravail. Ils seraient en effet 46% à télétravailler de manière régulière. De plus, près d’1 télétravailleur sur 5 a désormais l’habitude de dormir ailleurs que chez lui les jours de présence sur site, voire 1 sur 2 s’il habite hors de l’Ile de France. A noter qu’1 collaborateur sur 2 crèche chez des proches lors de ses déplacements. Déménager pour mieux télétravailler ? Assurément …
Face à cette nouvelle donne, Adagio a mis sur pieds une formule baptisée Commuters qui combine hébergement et espaces de travail. Dédiée aux résidents récurrents qui ont besoin d’un pied à terre, Commuters leur offre la possibilité de laisser leurs affaires qui seront conservées au coin bagagerie, jusqu’au prochain séjour.
Mais qui dit voyages, dit aussi transports. Devenue un lieu de vie lorsqu’on s’y retrouve fréquemment, la gare fait la part belle aux télétravailleurs. SNCF Gares & Connexions propose désormais des bureaux privatifs situés au bout des quais ainsi que des espaces de coworking dans les anciens bureaux des chefs de gare. L’entreprise Bonport a quant à elle investit les lieux en déployant des salons lounges comme à la gare Montparnasse. Intimistes et design, ils disposent d’une connexion wifi sécurisée et de ports USB. Si l’on souhaite une meilleure confidentialité ou davantage de calme, ces lieux sont équipés de cabines privatisées et modulables.
Bienvenue dans l’ère du bureau mobile ! Bon, on part où ? 🙂
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