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Autrefois un lieu strict de production, le bureau a acquis ses lettres de noblesse en remettant l’humain et le sens du collectif au cœur de la machine. Face au travail hybride qui a tenu ses promesses et qui s’inscrit dans la durée, les entreprises ont aujourd’hui de nombreux défis à relever. Comment réinventer le vivre ensemble sur site ? Comment générer une dynamique propice à l’émulation et la créativité ? A l’heure où la grande démission et la guerre des talents bat son plein, la marque employeur est reine… et n’a pas dit son dernier mot ! Zoom.
Le salarié, un client comme un autre
Si le parallèle peut sembler douteux pour certains, la différence est désormais mince. Pourtant, l’un consomme, l’autre pas. Le client doit être conquis pour acheter, tandis que le collaborateur reçoit un salaire en contrepartie de tâches effectuées, tout en étant soumis à un lien de subordination. Mais la donne a changé et n’est plus aussi prégnante que jadis. Dans les usines à la grande époque du fordisme, la cadence et la force du travail primait, à contrario d’aujourd’hui ou la productivité issue du savoir relève de l’engagement. C’est bel et bien l’engagement qui fait que nous resterons plus tard au bureau, que nous dédierons des heures supplémentaires à boucler un dossier parce que nous nous sentons investis et œuvrons de concert à une cause commune. L’engagement est sans nul doute la clé de la performance d’entreprise. Ce n’est point un secret, lorsque les employés se sentent valorisés et compris, la magie opère, la productivité est à la hausse tout comme la fidélité. Dans cette optique, l’expérience collaborateur est aussi primordiale que l’expérience client, un concept dont se sont emparé les directions des ressources humaines, plus que jamais mobilisés et sur le devant de la scène depuis la crise sanitaire. Avec le recul, le markéting n’a-t-il finalement pas les mêmes ressorts que dans la gestion du personnel, à savoir attirer, conquérir et fidéliser ses troupes ?
L’expérience collaborateur en ligne de mire
Fini métro, dodo, boulot, le monde du travail est en pleine révolution, tout comme le sens qu’on lui accorde. Avec la toute-puissance du digital, la célébration du travail collaboratif et une envie plus marquée de s’accomplir personnellement, les jeunes actifs bousculent les organisations en place. Plus que de simples exécutants, les salariés sont aujourd’hui perçus comme des consommateurs souhaitant vivre une expérience particulière, attrayante et conviviale une fois arrivé au bureau. Un constat encore plus vrai face à l’émergence de cette nouvelle génération plus exigeante que ses ainés, et qui s’approprie les codes de façon différente. Alors qu’une écrasante majorité plébiscite les vertus du télétravail, expérience couronnée de succès durant la crise sanitaire, la flexibilité décomplexée est aujourd’hui le mot d’ordre… Un sentiment de liberté retrouvé, une meilleure organisation de sa vie professionnelle et personnelle, et surtout un climat de confiance qui ont renforcé l’idée qu’un retour en arrière n’est guère probable mais surtout souhaitable. Davantage désireuse de donner du « sens » au travail et de s’y épanouir, elle porte et haut l’étendard d’un nouveau paradigme : celui du travail désacralisé. Au regard de cette philosophie, les entreprises qui sortiront leurs épingles du jeu, seront celles qui appréhenderont vers quoi les consommateurs ont envie d’aller, et qui anticiperont les tendances de demain. L’heure est au renforcement de la raison d’être : bien au-delà d’un simple logo estampillé, chaque entité doit se forger une véritable « marque employeur » pour attirer les meilleurs profils. Dans cette logique, les espaces de travail sont une démonstration et le reflet de la singularité de l’entreprise, car c’est bel et bien l’émotionnel et l’authentique qui fédère autour d’une idée commune. Face à l’avènement des nouvelles formes de travail, les entreprises repensent leurs locaux, à l’image d’une deuxième maison, socle de retrouvailles et vectrice de liens. Salles de repos cocooning, salles de jeu conviviales, salons cosy où échangerde manière informelle, ou encore cadre de restauration loin des standards habituels de cantines, le bureau se veut le cœur battant de l’entreprise. L’environnement doit être favorable au développement cognitif des usagers et celui-ci doit offrir une grande flexibilité en termes de typologies. Basé sur le principe de l’« expérience client », la stratégie d’aménagement des espaces est avant une tout une étude sur les flux et les usages, répondant à des besoins primaires : « Est-ce que je me sens bien ? Est- ce que je trouve mes repères ? » Adieu locaux ternes et uniformes à la configuration veillotte, les codes de l’hôtellerie s’invitent sans crier gare…
Cap sur le serviciel
Le tertiaire fait aujourhui peau neuve. Exit l’immeuble nu qui peine à séduire, vive les espaces modulables et les services qui facilitent et enchantent le quotidien des occupants. Devenus un véritable levier de performance pour les entreprises, les espaces de travail doivent offrir le maximum de confort et d’innovation pour répondre mieux aux enjeux de marque employeur. Du coté des décisionnaires, les critères ont eux aussi évolué : A l’heure où les mutations sont nombreuses et complexes, et où se projeter devient une affaire délicate, la flexibilité juridique est un atout de taille. Ce besoin de flexibilité tant sur le plan spatial que contractuel a notamment donné naissance à la solution du bureau opéré qui a plus que jamais le vent en poupe. Grâce à l’immobilier flexible, les entreprises accèdent à un ensemble de services directement assurés par l’opérateur sans se soucier des à-côtés chronophages que sont l’accueil, l’entretien des locaux, la partie informatique, les relations fournisseurs et les demandes d’intervention. Le loyer comprend en effet toute les charges et taxes, ainsi que la possibilité d’aménager ses espaces si souhaités. Les entreprises sont alors « chez elles », comme à la maison, une vitrine de leur culture d’entreprise qui rayonnera sur les équipes et les visiteurs, parce que la première impression est toujours la bonne ! Par ailleurs, la course aux services débutée il y a quelques années se démocratise et l’ambition est claire : présenter une offre ultra qualitative digne de prestations hôtelières. Si pendant des décennies, le foyer a pu remporter tous les suffrages en matière de confort et d’environnement, l’immobilier d’entreprise tend à inverser la tendance pour une expérience unique. Qu’il s’agisse de cours de sport, de mise à disposition de vélos électriques, de services de conciergerie sur-mesure, d’ateliers vivants à thématiques, d’offre de restauration écologique et à circuit court loin des standards habituels, le bureau est un lieu de vie ouvert sur l’extérieur et qui participe au bien être des équipes.
Les expériences client réussies ne se produisent par hasard, comme par magie. Elles sont le fruit d’une réflexion minutieuse et méthodique centrée sur les personnes et leurs habitudes. Il en est de même pour l’expérience collaborateur : tout ce que les équipes rencontrent, vivent ou ressentent au sein d’une organisation, de leur entretien embauche jusqu’au leur départ est aujourd’hui analysable. En vue d’optimiser ce « parcours client » (comme un autre !), certains fondamentaux sont à mettre en place dans la stratégie RH. Bien connaitre ses collaborateurs et les traiter comme des consommateurs est la clé de voute pour améliorer sa marque employeur. Tout l’enjeu réside à élaborer de concert des expériences différenciantes, adaptées à chaque situation, à chaque tâche, mais aussi faciliter le quotidien grâce à des services sur-mesure et l’utilisation du numérique. Parce que l’immobilier est le deuxième poste de dépenses après les salaires, il est une ressource stratégique créatrice de valeur.
Dans un monde changeant où se dessine un autre sens à donner au travail, les bureaux sont indéniablement l’une des réponses pour résoudre cette équation. Des bureaux donc plus humains, des espaces qui favorisent le bien-être, d’autres qui laissent place à la déconnexion et aux instants d’interaction. Une équation aujourd’hui simplifiée et facilitée par la bascule vers le travail hybride et in fine le bureau opéré. Une philosophie où ne raisonne plus en mètres carré, mais par postes de travail…