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Les centres d’affaires, un avenir incertain ?

Tours dignes de Gotham City, foule bouillonnante d’hommes et de femmes en costumes marchant d’un pas pressé, les quartiers d’affaires sont de véritables villes dans la ville. Loin d’être apparus au XXème siècle, ces places fortes accueillait jadis commerçants, artisans, agriculteurs, le cœur battant de la cité où les échanges allaient bon train. L’urbanisation des territoires a progressivement fait évoluer leurs essences pour devenir aujourd’hui d’immenses centres financiers et commerciaux présents dans les plus grandes mégalopoles au monde. Née dans les années 1960 et accueillant plus de 400 entreprises, 160 .000 salariés sur plus de 3,6 millions de mètres carrés, La Défense est considérée comme le 4 ème centre le plus attractif au monde. Éprouvé par la crise sanitaire, il soulève d’importantes réflexions quant aux limites de son modèle et fait aujourd'hui triste mine avec un taux de vacance historique de 16%.

Favorisant la mutualisation et le regroupement des bureaux, les quartiers d’affaires traditionnels sont remis en question face à l’évolution des modes de travail. Conçus dans une logique monofonctionnelle, ces mastodontes sont boudés par de nombreuses acteurs en quête d’un environnement plus chaleureux et à taille humaine. Entre télétravail et crise climatique, La Défense est prise en étau… Dans quelles mesures les grands centres d’affaires sont-ils amenés à se réinventer ?

A en croire les chiffres et les dires… bosser à La Défense ne fait plus rêver. Apanage des 30 glorieuses avec ses tours gourmandes en énergie et sa verticalité obsolète, ce quartier peine à devenir attractif. Des plateaux vides les lundi et vendredi au parvis déserté, c’est une crise existentielle. Plus que jamais d’actualité, le proverbe : « localisation, localisation, localisation » incite les organisations à revoir leur feuille de route. Ces dernières réduisent leur voilure en mètres carrés, tout en privilégiant la centralité, la qualité de la vie de quartier et ce pour le plus grand bonheur des employés. Mais cette situation impacte toute la chaine de valeur et la grogne se fait sentir du côté des acteurs du secteur : hôteliers, restaurateurs comme commerçants sont en première ligne à subir la désertification des lieux. Réunis en association, ils réclament une baisse des loyers et un statut spécifique, un coup de massue après les effets délétères qu’a eu la crise sanitaire qui a transformé La Défense en territoire fantôme. S’il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences de l’éclatement des espaces de travail sur ces centres d’affaires, les professionnels commencent à voir émerger plusieurs schémas : « La ville telle qu’elle a été construite avec, d’un côté, des quartiers d’affaires, de l’autre, des quartiers résidentiels et, entre les deux, les transports, est questionnée. Ce n’est pas la fin du quartier d’affaires, mais il devra se transformer avec des approches plus mixtes agrégeant habitat, commerces, locaux d’entreprise, tiers-lieux partagés… » avance Brigitte Bariol Mathais, déléguée générale de la Fédération nationale des agences d’urbanisme. Particulièrement déconnecté de la ville, il est probable que le « tout bureau » que nous connaissons aujourd’hui soit davantage en interaction avec les citoyens, et non plus replié sur lui-même… Amené à devenir un lieu de vie et non plus de passage, de nombreux projets sont à l’étude à La Défense qui devront notamment répondre aux enjeux climatiques. Un million de mètres carrés, soit ¼ du parc va être réhabilité, avec une attention particulière portée aux espaces verts qui vont dynamiser le quartier et lui donner des allures de poumon vert. L’établissement public paris la Défense qui entend en faire le premier quartier d’affaire au monde « post carbone » à l’horizon 2030 en divisant par deux ses émissions de gaz à effet de serre, a nommé l’architecte paysagiste Michel Desvigne pour verdir les lieux.

 L’esplanade changera de peau pour dévoiler un parc de 7 hectares qui va aider à lutter contre les îlots de chaleur avec la création d’espaces de respiration pour les usagers. 60% de cet axe sera végétalisé et rendra hommage au travail historique de l’américain Dan Kiley qui a imaginé les lieux en 1970 dans un esprit très « français ». Dans la même veine, Mischel Desvignes va poursuivre le travail de son prédécesseur et offrir un foisonnement végétal pour célébrer l’art des jardins classiques et ses perspectives, en encourageant le retour de la biodiversité. Avec en prime, une petite touche contemporaine et l’installation de bassins, de fontainerie mais également de pelouses rendues accessibles. Outre cette ode à la nature, ce projet d’envergure va jouer sur la mixité des usages et s’ouvrir vers les villes qu’il dessert via de jolis jardins. Cette stratégie de décarbonisation, construite en partenariat avec les entreprises du quartier va contribuer à améliorer la qualité de vie des employés et faire vivre cet espace le weekend-end.

S’appuyant tout entier sur nos modes de travail, l’urbanisme du territoire français a de grandes chances d’être bousculé dans les années à venir. Essence même de notre quotidien, le travail façonne la ville comme nul autre : des logements en passant par les universités, la question des transports en commun, ou les routes, l’activité de production est fondatrice. Dans un pays tel que le nôtre caractérisé par une forte centralisation politique, culturelle et économique, la donne est en train de changer pour se fondre au mieux dans les dynamiques actuelles. Courses en ligne, enseignement sur la toile, rendez-vous médical en visioconférence, le digital a sensiblement modifié nos habitudes, et il est certain que ces approches vont s’infiltrer dans le monde du travail… et par extension dans le paysage urbain de demain. A l’image de toute crise, le Covid-19 aura eu des répercussions dans l’ossature spatio-temporelle du travail au sens large. Depuis 3 ans, les flux urbains ont connu des modifications en nature comme en volume, basées sur une indifférenciation entre domicile et bureau, jusqu’à la naissance de lieux tampons. Si les ébauches pour brosser le portrait de la ville du futur sont multiples, embrasser le spectre de l’entreprise a l’avantage de remettre l’humain au centre et montrer combien la métropole est un écosystème singulier… et porteur ! Si les centres d’affaires auront toujours leur mot à dire, ils se voudront plus mixtes et connectés à la nature pour vivre avec leur temps.

Chez Aktis Partners, nous portons la vision d’une renaissance de La Défense, non seulement pour sa transformation à l’œuvre, mais aussi pour ses loyers 3 à 4 fois plus attractifs que le Quartier Central des Affaires. Dans cette période incertaine, les grands utilisateurs se tourneront à nouveau vers ce centre d’affaire bien desservis et à toute proximité de Paris.