Sommaire
Qu’il s’agisse du domaine de l’énergie, des nouvelles technologies ou de l’agriculture, dame Nature a nourri et continue d’inspirer les plus grandes innovations conçues par l’homme. Et le monde de l’entreprise ne fait pas exception : mammifères, insectes ou volatiles, nous avons beaucoup à apprendre du règne animal, un excellent terrain d’observation pour gagner en efficience et booster son leadership. Un zeste d’anthropomorphisme..… qui a du bon !
Les fourmis : la notion de hiérarchie repensée
Ici, la reine n’en a que le nom. Truculente et imposante, (l’habit ne fait pas le moine !), cette tête couronnée n’est pas le PDG des lieux et encore moins la sainte patronne. Mère de la communauté mais condamnée à la ponte, calfeutrée dans sa chambre royale, cette dernière n’exerce aucun contrôle ni influence sur la vie quotidienne de la fourmilière, véritable entreprise XXL. Organisées et travailleuses, les fourmis seraient plus de 10 millions de milliards à circuler sur le globe et vanter les mérites d’une organisation interne rondement bien menée : la décentralisation. Non soumises à une quelconque hiérarchie, c’est la somme de leurs interactions individuelles qui donne lieu à une dynamique collective porteuse. La façon d’avertir leurs congénères, au sujet par exemple de nourriture, est si pertinente qu’elle a été modélisée informatiquement pour permettre à des robots de fouiller un immeuble en feu, sans pilotage central, en se basant exclusivement sur les données collectées par des machines autonomes. Bien que la figure du leader soit la clé de voute d’une organisation pour donner la vision et fédérer les équipes, les fourmis ont des choses à nous inculquer. A l’heure d’un management qui fait la part belle à l’autonomie et la confiance, ces insectes célèbrent un positionnement plus égalitaire, où chacun trouve sa juste place pour œuvrer de concert à une cause commune.
Le primate : moins primaire qu’on ne l’imagine !
Stars dans la culture populaire, les primates hantent notre inconscient collectif depuis l’ère de la « guerre du feu ». Guerriers dans le film « La planète des singes », espiègles dans « Aladin », vieux sages dans le « Roi lion » ou bestial dans « King Kong », ils fascinent. Frans de Wall, primatologue émérite, en a fait son sujet de prédilection, et ses travaux sont pour le moins passionnants : loin d’être farouches, intimidants et dictés par « la loi du plus fort », les primates ont une fantastique capacité à fédérer et prendre soin des autres. Influent, fin négociateur et empathique, cette posture fait écho à l’avènement d’une nouvelle culture du management. Devant naguère se montrer fort, imperturbable et viril, le leader « humain » ou « éclairé » a un sens aigu de l’écoute et célèbre l’individualité au service de l’intelligence collective. Prônant un management horizontal, ce dernier est plus proche de ses équipes, favorise l’innovation par la culture du résultat et valorise la réussite de chacun. Et certains l’ont bien compris à l’image des loups : attentif à son groupe, le chef de meute s’occupe des plus faibles, bichonne ses ainés et a la lourde tâche de maintenir l’harmonie au sein du clan. Les pigeons, eux ne font pas dans la dentelle… Si le leader s’avère incompétent et qu’il perd de son influence, il se voit rétrogradé au profit d’un individu plus susceptible de donner le « la ». (Aie !)
Sortir des sentiers battus comme les macaques
Célèbre pour ses travaux sur les grands singes, le paléontologue Pascal Picq relate une expérience étonnante menée dans les années 50 sur une île japonaise. Friande de patate douce et régulièrement gâtée par la population locale, la femelle Imo a ses petites habitudes. Et pour cause, elle utilise toujours l’eau de la rivière pour rincer ses légumes. Mais un jour, au détour d’une promenade, c’est dans la mer qu’elle plonge de manière hésitante ses victuailles. Eureka, la saveur est salée à souhait et fait son bonheur… Mais son clan impose une hiérarchie bien définie où l’information ne se transmet que de manière verticale. Elle décide alors de livrer son secret bien gardé à sa progéniture, qui elle-même, transmit à sa descendance. Il aura fallu plus de 5 générations pour que l’astuce gustative devienne la norme sur l’île. Cette anecdote en apparence anodine est ô combien inspirante pour nous pousser à sortir du cadre, oser casser les codes et accepter l’erreur qui mènera peut-être à une réussite. La souplesse hiérarchique contribue ainsi au progrès…
Le chimpanzé ? Il a tout bon !
A la différence des macaques où la hiérarchie est rigide et codifiée, les chimpanzés sont quant à eux organisés selon le modèle de fusion/fission, à l’instar du genre humain. Cela signifie que les membres se séparent individuellement ou en sous-groupe selon les tâches à accomplir, leurs relations affectives et intrigues sociales qui jalonnent le quotidien. Animaux sociaux par excellence, ces grands singes ressentent également et impérieusement le besoin de se réunir, de discuter et de passer de bons moments ensemble pour chouchouter la cohésion sociale du groupe, si précieuse. Chez la plupart des espèces, cette démarche est toujours liée à une unité et de présence et de lieu : tout le monde est présent au même moment sous les yeux des dominants, attentifs au bon déroulement. Cette problématique est bel et bien au cœur des transformations aujourd’hui à l’œuvre dans l’entreprise. Comment maximiser le temps de présence des employés sur site ? Comment fédérer ses équipes autour d’un projet commun ? Comment transformer son bureau en lieu de vie propice à la créativité et la convivialité ?
Dotés d’une grande adaptabilité et d’une belle souplesse sociale, les chimpanzés privilégient la coopération et le respect des compétences d’autrui. Si un singe peine à ouvrir un fruit à coque, il ira par exemple rechercher un de ses congénères équipé d’un meilleur ustensile, avec qui il partagera alors son butin. Bien que dominant et détenteur de l’ordre, le mâle alpha ira naturellement consentir à déléguer sa position si l’un des siens est plus apte à diriger une chasse. Point « d’égo » et de jeux de pouvoirs inutiles, l’intelligence collective est innée, au service de la communauté. L’exemple est particulièrement parlant pour les organisations qui peinent à valoriser le sens du collectif en cassant un tant soit peu les silos. Celles qui pratiquent l’approche fusion/fission, autrement dit partisanes d’un mangement basé sur la confiance et non le contrôle, s’adaptent sans difficultés aux impératifs d’agilité et d’hybridation.