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Bien qu’omniprésente mais peu comprise du grand public, l’intelligence artificielle jouit d’une aura fantasmagorique. Robots androïdes inquiétants, deshumanisation progressive de l’humanité, tels sont les clichés qui peuplent l’inconscient collectif et qui font les choux gras des récits populaires de science-fiction. Stanley Kubrick, George Orwell, Steven Spielberg, ou encore la série emblématique Black Mirror, nombreux sont ceux qui se sont essayés à imaginer une société en prise avec le progrès, devenu parfois incontrôlable. Développée il y a une soixantaine d’années par des chercheurs américains désireux de faire effectuer à des ordinateurs ce qu’accomplit le cerveau humain, l’intelligence artificielle est en passe de prendre une place considérable dans notre quotidien. Écologie, consommation, médical, cyber sécurité, outils marketing, bien des domaines s’appuient sur cette discipline et l’immobilier n’y échappe pas… Tour d’horizon.
Quid de l’intelligence artificielle ?
Notion fourre-tout par excellence et souvent détournée de son sens originel, l’intelligence artificielle est un processus d'imitation de l'intelligence humaine qui repose sur la création et l'application d'algorithmes exécutés. Loin de se contenter d’appliquer « bêtement » les programmes élaborés, l’intelligence artificielle emmagasine des milliers de données pour être tous les jours plus performante, ce qu’on appelle communément le « deep learning ». Prenons l’exemple des « recommandations » ou encore des classiques « chabot » que nous utilisons régulièrement sur la toile. Plus celui- ci est sollicité, plus son vocabulaire s’étoffe pour offrir une précision à toute épreuve à l’internaute. Voitures autonomes, robots d’aide à la personne, reconnaissance faciale, toute puissance de la big data, c’est un champ illimité d’opportunités qui progressent à une vitesse fulgurante. Mais quid des nouvelles technologies dans le secteur de l’immobilier ? De la conception, la gestion, en passant par la valorisation et la relation client, ces dernières ont de beaux jours devant elles…
Des solutions concrètes pour l’immobilier résidentiel
Plus tardivement que d’autres domaines, l’immobilier a accueilli l’arrivée des nouvelles technologies qui ont transformé les usages mais aussi le rapport à l’habitat des occupants. Visite en réalité virtuelle ou digitalisation des ventes, le plus marquant reste l’introduction de l’intelligence artificielle, un déploiement qui a terme promet une transformation complète du secteur. Prédiction sur la valeur des biens immobiliers, évaluation de patrimoine, iBuying, détection de potentiels acheteurs via les réseaux sociaux, conception des plans, anticipation des tendances immobilières, certaines start-up se démarquent par leur innovation…
Pionnier à ses heures en 2008, le site Meilleur Agents a dès ses débuts misé sur la richesse de la big data pour établir des estimations immobilières précises. Un modèle qui ne cesse aujourd’hui de s’affiner… Il en va de même pour la jeune pousse française Kize, qui s’appuie sur un algorithme sophistiqué et nouvelle génération offrant un modèle prédictif de valorisation patrimoniale. Un outil intelligent qui entend identifier les villes à haut potentiel et sécuriser au maximum l’investissement pour les clients.
Chez nos voisins britanniques, la plateforme de gestion immobilière Ask Porter agit tel un assistant virtuel qui facilite le quotidien des gestionnaires de biens et bailleurs. Triant des requêtes et automatisant des procédures, l’intelligence artificielle simplifie ici les taches jugées chronophages pour l’homme. Outre atlantique, le portail immobilier Zillow analyse les photos grâce une intelligence artificielle qui repère les éléments pouvant jouer sur la valeur du bien. (Cuisines mises au goût du jour, matière premières nobles…)
Si certains prétendent que le métier d’agent immobilier tend petit à petit à disparaitre au profit de solutions digitales innovantes, il n’en reste pas moins que le contact humain reste fondamental. Les acteurs du secteur ont donc tout intérêt à se recentrer sur une partie de leur activité créatrice de valeur à l’image de la communication, du relationnel et de l’affect.
Du côté des constructeurs, l’IA pourrait aussi faciliter la gestion de projets et faire baisser les coûts. Baptisée Doxel, la startup née en au cœur de la Silicon Valley ambitionne de révolutionner le BTP en faisant fusionner drones et intelligence artificielle. Armée d’une équipe de drones, ces derniers parcourent 24/24 l’avancement des travaux. L’IA prend ensuite le relais pour analyser finement les images et prévenir les malfaçons et problèmes qui pourraient ralentir le projet. Près de 15% du budget seraient ainsi économisé sur le coût total. Un suivi de chantier automatique et optimisé !
« Smart office » : le bureau de demain créateur de valeur
Débarquée plus tard dans le tertiaire, l’intelligence artificielle est aujourd’hui à l’œuvre, dessinant les contours des bureaux de demain. Longtemps restés imperméables à la technologie, les espaces de travail tendent à se fondre dans l’économie du XXIe siècle.
Tâches répétitives automatisées, suggestion de contact, priorisation des taches, aide à la prise de notes, les nouvelles technologies s’invitent dans la vie des utilisateurs pour optimiser leur expérience de travail, une approche en symbiose avec les grands bouleversements que connait aujourd’hui le monde de l’entreprise. Face à la crise sanitaire qui a redistribué les cartes en matière de management, de process et d’aménagement des espaces, l’intelligence artificielle est un atout qu’il convient d’apprivoiser. De la domotique en passant par l’optimisation de la data, le smart office est l’avenir de la construction !
Ultra connectés, les bâtiments dits intelligents abondent de technologies. Leur multiplication ouvre la voie à une collecte considérable de données sur la manière dont chacun utilise son espace, permettant ainsi d’appréhender au mieux les immeubles, de leur conception jusqu’à leur commercialisation et exploitation. Du nombre d’employés présents sur site, aux différents flux et temps alloué dans chaque salle, l’entreprise est ainsi à même d’aménager au mieux ses espaces. Pourquoi dédier une immense salle de réunion si cette dernière n’est occupée que deux à trois heures par jour et par moins de 4 personnes ? Elle peut alors songer à des aménagements plus pertinents, appropriés aux comportements et attentes réelles des utilisateurs. Une logique d’ailleurs inhérente au coworking qui ont fait des data leur clé de voute en termes de développement et de stratégie immobilière.
Au regard du prix au mètre carré, spécialement dans les grands centres urbains, cette approche permettra aux sociétés de gagner en rentabilité. Un fait non négligeable lorsqu’on sait que l’immobilier est le premier poste de dépense après les salaires. Il en résulte donc une meilleure gestion d’attribution des places et des d’espaces communs, une réflexion indispensable à l’instauration du flex office, très en vogue aujourd’hui. Placer ses collaborateurs, au bon endroit, au bon moment, et selon leurs besoins permettrait à l’entreprise d’augmenter sa performance d’environ 15%, selon une étude menée par la Harvard Business School.
Outre une gestion intelligente des espaces, les forces du smart office sont aussi au service du salarié, avec un seul mot d’ordre, le confort. A l’heure où la qualité de vie au travail est un principe impérieux, la technologie peut jouer sur le sur-mesure, un paramètre avant incompatible avec les espaces collectifs. Chaque utilisateur à son échelle pourrait ainsi agir sur certaines données de son poste de travail comme la lumière, la température, le bruit, voire avec un fauteuil analysant la posture, le tout via une application smartphone. En bref, des salles connectées et des espaces de travail intelligents et modulables où l’on se sent bien. Face aux bouleversements qui ébranlent l’entreprise où se conjugue présentiel et distanciel, les outils informatiques collaboratifs et ergonomiques prennent tout leur sens. C’est le cas par exemple de la visioconférence, combinée à l’intelligence artificielle qui facilite et renforce l’expérience utilisateur : avec ses caméras qui recherche l’interlocuteur et les microphones détectant la parole et chassant les bruits de fonds, la frontière devient alors poreuse entre le bureau et le domicile des salariés.
Ayant plusieurs visages, l’IA permet aussi aux entreprises de veiller activement à leur consommation énergétique. Née à l’aube des années 2000, cette pratique a ouvert la voie à la récolte de données, et ce dans un contexte d’éveil et de préoccupations environnementales. Les engagements internationaux et diverses règlementations européennes ont donné naissance à une nouvelle génération d’immeubles plus responsables. Surnommés « green building », ces derniers deviennent aujourd’hui aussi « intelligents » en plaçant les utilisateurs au cœur des réflexions.
Le smartbuildong concourt à l’écologie. Faire un parallèle avec les immeubles de Singapour.
Marché particulièrement juteux, l’intelligence artificielle apparait comme la technologie qui modèlera l’avenir et plus particulièrement le concept de travail que nous connaissons aujourd’hui. Pesant près de 200 millions de dollars en 2015, elle grignotera toutes les strates pour avoisiner les 90 milliards de dollars à l’horizon 2025 (étude menée par Tractica en 2017), et générer la naissance de nouveaux métiers. Si judicieusement mise à profit et encadrée, elle va sans nul doute révolutionner nos journées chez soi ou au bureau. Si la pratique est dans l’ensemble embryonnaire dans l’immobilier d’entreprise, le flux de données devra être au maximum valorisé pour faire de ce lieu, non plus un huis clos, mais un pont, une continuité capable de prolonger nos expériences de vie.
Irrigué par la mémoire humaine et conservateur par excellence, le domaine de l’immobilier est en passe d’être révolutionné par l’intelligence artificielle. Une approche scientifique et pragmatique qui, grâce aux millions de données brassées permettent d’avoir un regard neuf, mais surtout plus précis et pragmatique…Là où l’intelligence humaine peut faillir.
Si l’IA n’aura jamais vocation à remplacer « l’humain », elle se chargera aussi d’effectuer les tâches ingrates pour nous confier des missions plus qualifiées et créatives qui donnent la primauté à l’intelligence émotionnelle. Ces transformations auxquelles nous ne pourrons échapper permettront peut-être d’améliorer le quotidien en entreprise pour davantage se concentrer sur l’aspect stratégique et se libérer du temps pour sa vie personnelle. Une composante essentielle qui jouera sur l’attractivité de l’entreprise et sa « marque employeur » !
Affaire à suivre…