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C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures !

Recyclage, seconde main, reconditionnement, l’économie circulaire a le vent en poupe. Mastodonte du CAC 40 ou petites PME, elles sont nombreuses à s’engager dans une démarche environnementale en se tournant vers du mobilier éco responsable.

Initié dans les années 70, le modèle de production qu’est l’économie circulaire ambitionne de créer une boucle vertueuse avec deux principes fondamentaux : la revalorisation des déchets et la diminution de la surexploitation des ressources naturelles. Cassant les codes du modèle linéaire articulé en trois temps (produire, utiliser, jeter), elle gagne aujourd'hui du terrain. Outre de prendre soin de la planète en réduisant notre empreinte carbone, acheter reconditionné permet aussi de créer de l’emploi. Selon l’ONG Zero Waste, la réparation crée 200 fois plus d’emplois que l’incinération et la mise en décharge. Plus précisément, pour 10 000 tonnes d’objets réparés, 404 emplois sont créés dans les filières de réparation, contre respectivement 1,7 et 1,8.

 Un marché en plein essor

Chaque année, près de 100. 000 de tonnes de mobilier professionnel finissent leurs vieux jours à la décharge, pourtant en bon état. Un chiffre qui fait froid dans le dos… Hier encore inexistante, la filière du réemploi « at work » est en plein boom et acquière ses lettres de noblesse. Mauvaise image, associé à un faible budget, le mobilier reconditionné n’avait pas bonne presse et rare étaient les entreprises à opter de manière transparente pour cette approche. Aujourhui la tendance s’inverse avec la pression environnementale croissante, assorti d’une réglementation incitative. En vigueur depuis le 1er janvier 2002, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) a pour la première fois élaboré un cadre juridique pour encourager la seconde main. Elle impose aux acheteurs publics à se doter à minima de 20% de biens issus du réemploi ou du recyclage. Du côté du privé, le vent a de grandes chances de tourner… Les entreprises donnent aussi l’exemple et voient dans le mobilier «green » un levier pertinent pour déployer leur RSE et… booster leur attractivité ! A noter que l’achat de matériel reconditionné permet une déduction sur l’amende des entreprises qui n’ont pas en leur sein de travailleurs en situation de handicap. Vous nous direz, mais quel est le rapport ? Réputée inclusive et prônant l’économie solidaire, cette filiale du reconditionnement ouvre en effet des postes à des personnes en mal d’inclusion. Effet ricoché.

Des téléphones portables, à l’électroménager en passant par les véhicules, le mobilier de bureau lui aussi se démocratise. Et pour preuve, la demande explose selon la marketplace Bluedigo spécialisée dans le mobilier d’occasion qui a multiplié son chiffre d’affaires par 4 entre 2020 et 2021. Parce les entreprises sont écrasées par des contraintes de temps, à savoir vider les lieux rapidement pour le bailleur et se réinstaller sans trop perturber l’activité, elles ont tendance à jeter et racheter du neuf. Cette jeune pousse partie en guerre contre le gaspillage organise ainsi minutieusement la logistique d’enlèvement du mobilier avant de le reconditionner et le revendre. Une solution durable qui a conquis l’AFP, Bouygues Construction, Société Générale ou encore Hiptown, pour ne citer qu’eux. Même son de cloche pour Adopte un bureau qui a vu son chiffre d’affaires bondir de 300% depuis sa création il y a 8 ans. Idem pour Faispace et Circular, filière du géant Steelcase qui grignotent des parts de marché.

Le seconde main fait peau neuve

Si le mobilier d’occasion représente aujourd’hui entre 10 et 20 % du marché, il subsiste encore quelques réticences. Dépareillé, vieillot ou en mauvais état, il peut jouir d’une mauvaise réputation. Pourtant 50% moins cher en moyenne et disponible beaucoup plus rapidement, il compte désormais dans ses rangs des grandes marques à l’image de Steelcase, Hermann Miller, Silvera ou encore Vitra et dont les volumes conséquents peuvent facilement équiper un plateau de 100 postes de travail. Il y a cependant quelques règles à avoir en tête avant de se lancer dans le réemploi : le catalogue n’étant pas aussi étayé que chez mobilieriste classique, l’idée est de se fixer un prix tout en étant ouvert à des variantes. A contrario du neuf, il sera sans doute plus compliqué d’avoir accès à de la documentation ou fiches techniques, la meilleure option reste d’aller flâner dans les lieux de stockage pour juger par soi-même et pourquoi pas dénicher la perle rare. Selon les retours d’expérience, les entreprises optent la plupart du temps pour un mix entre le neuf et l’occasion afin de réaliser leurs aménagements. De plus, la plupart des acteurs proposent une garantie satisfait ou remboursé et s’engagent à réparer tout produit défectueux. Si l’on souhaite se démarquer en matière de décoration et insuffler un petit esprit « retro brocante », on fonce sur la plateforme nantaise Selency qui revendique une centaine de références vintage dont plusieurs pièces mythiques du design. Un must pour apporter de la chaleur et de la convivialité aux espaces informels et collaboratifs. Un véritable terrain de jeu pour les architectes que de chiner une pièce qui vous ressemble !

Au-delà de remettre en état du mobilier, la filière va parfois plus loin en s’adaptant aux tendances et usages. C’est par exemple le cas des bureaux d’angle, autrefois étudiés pour accueillir un écran large qui mangeait la moitié du plan de travail. Certains opérateurs n’hésitent pas à couper cette partie afin de la transformer en bureau droit.  Mais le bureau se veut aussi plus ergonomique, en étant équipé d’un petit moteur pour fluidifier la position assis-debout. La crise sanitaire et les confinements à répétition ont profondément modifié notre manière de travailler qui se veut plus décontractée et moins figée. Dans cette optique, de plus en plus de mobiliers sont retransformés et proposés à destination des collaborateurs en télétravail.

Vous l’aurez compris, l’aménagement d’un espace de travail écoresponsable passe notamment par le choix de meubles de seconde main. Mention spéciale à l’entreprise Maximum qui mise sur le recyclage : cette dernière redouble d’inventivité en fabriquant des pièces à partir de déchets plastiques ou de coupes de bois. Mais nous pouvons aussi nous tourner vers du neuf s’il se veut respectueux écologiquement parlant, de sa fabrication jusqu’à sa livraison. Artisans ou fournisseurs agréés, on préfèrera évidemment les matériaux certifiés naturel FSC ou PEFC, des labels permettant de garantir leur provenance responsable.